Coronavirus : quelles sont les capacités d'accueil en réanimation hospitalière en Bretagne ?

À ce jour, 31 personnes sont hospitalisées dans une unité de réanimation en Bretagne. Pour l'instant, les services dédiés à la prise en charge lourde des malades atteints du Covid-19 font face, mais risque-t-on de voir ici aussi des unités débordées à l'instar de ce qui se passe dans l'Est ?


Nul doute que les jours à venir verront un afflux du nombre de malades atteints du Covid-19. Parmi eux, certains seront hospitalisées dans un service de réanimation (environ 10%, selon la Direction générale de la santé). Selon les derniers chiffres communiqués par l'Agence régionale de santé, 31 le sont en Bretagne.

Faire face à une vague massive de patients nécessitant une prise en charge médicale lourde, c'est l'un des principaux enjeux de cette pandémie.

Actuellement, la Bretagne peut compter sur 164 lits de réanimation. Nous travaillons avec les établissements, y compris privés et militaires pour déployer jusqu’à 200 places supplémentaires. Dans ce cadre, il nous faut mobiliser toutes les ressources nécessaires : du personnel soignant, mais aussi des moyens techniques ; des respirateurs par exemple...” déclarait le directeur de l'Agence régionale de santé de Bretagne, Stéphane Mulliez, le 18 mars 2020. 

Du côté de l'ARS, ce dispositif n'a pas évolué depuis.

 

Dans la région, 9 établissements de santé disposent d’un service de réanimation adulte, 2 établissements disposent d’un service de réanimation enfant et il existe 40 sites pour les soins critiques : soins continus et soins intensifs soit au total 574 lits. Les établissements s’organisent actuellemnt pour augmenter leurs capacités afin d’accueillir plus de patients.
 

Du renfort et des formations accélérées à la réanimation dans l'Est


Ces derniers jours, les services hospitaliers dans le grand Est, notamment à Mulhouse, se sont révélés insuffisants, très vite saturés au point de devoir envoyer plusieurs patients vers la Suisse et l'Allemagne voisines et de faire appel à un hôpital de campagne militaire, ce qui est inédit en France. 
 
À Nancy, pour se préparer au pic qui arrive, l’hôpital virtuel de Lorraine a démarré ce week-end une formation à la réanimation pour le personnel infirmier, et les étudiants de 3ème année à la demande du CHRU.
 


La Bretagne est-elle mieux préparée ?



Le dispositif décrit plus haut par les autorités sanitaires de la région sera-t-il suffisant, lorsque commencera à s'abattre le gros de la vague attendue, semble-t-il, pour le milieu de la semaine prochaine ? Et surtout, les personnels extrêmement sollicités pourront-ils tenir le rythme pendant deux-trois mois ?

Le centre hospitalier régional universitaire de Rennes dispose, en temps normal de 48 lits de réanimation médicale et chirurgicale, et de 27 lits de soins continus. Le plan blanc prévoit, de manière graduée en mobilisant les capacités, de doubler les lits de réanimation pour monter à 101 lits et 10 lits de soins continus.



À Brest: un poste médical avancé 



Au CHRU de Brest, plusieurs scenarii ont également été préparés selon la puissance de cette vague. La direction les a présentés il y a une semaine lors d'une audioconférence. Les services ont depuis été entièrement réorganisés.

Pour continuer à prendre en charge les patients qui ne sont pas infectés par le nouveau coronavirus, 15 lits de réanimation chirurgicale ont été sanctuarisés à la Cavale Blanche.

Pour le Covid-19, il pourra y avoir jusqu’à 126 lits de réanimation : 83 lits au CHRU, 10 à l’hôpital d’instruction des armées (HIA), 25 lits à l’hôpital de Morlaix et huit lits à la clinique de Keraudren.

Pour les patients « coronavirus » hospitalisés sans avoir besoin de réanimation, à partir de jeudi, les trois étages du pôle 3 de l’hôpital de la Cavale Blanche leur seront dédiés : 107 lits, avec des possibilités d’extension pour arriver à 187 lits.

Si la situation devient très tendue, 16 lits de réanimation supplémentaires pourront être installés en sous-sol des urgences et, pour faire face à un afflux encore plus massif, deux tentes de la Croix-Rouge de 50 lits chacune seraient installées à l’extérieur.

   

Deux infirmières pour 5 patients


Reste à savoir si le personnel soignant sera en nombre suffisant. En unité de réanimation, compte tenu de la lourdeur et la technicité de la prise en charge, en plus d'un médecin anesthésiste-réanimateur, il est prévu deux infirmières pour cinq patients (au lieu d'une douzaine dans un service dit classique) et une aide-soignante pour quatre patients.

 

Réserve sanitaire mobilisée



Au centre hospitalier de Vannes, premier en Bretagne à avoir reçu un grand nombre de patients infectés, une dizaine de personnes de la réserve sanitaire est mobilisée depuis début mars. 

L'ARS recense également les offres de personnels soignants retraités (depuis moins de 5 ans) ou de jeunes diplômés, ainsi que les besoins des établissements afin de les répartir si le besoin s'en fait sentir. A ce jour, entre 4000 et 5000 personnels soignants se sont portés volontaires auprès de Santé Publique France (SPF) dans  le cadre de la réserve sanitaire. Le recensement est toujours en cours.

Pour compléter le recensement « Réserve sanitaire » effectué par  SPF et face à l’urgence de la situation des établissements dans la lutte contre l’épidémie, et pour répondre aux besoins des établissements dans la lutte contre l’épidémie, l’ARS Bretagne va mettre à disposition une plateforme numérique permettant à des étudiants, professionnels actifs ou retraités de venir en renfort des établissements de santé et médicaux-sociaux qui pourront exprimer leurs besoins et avoir accès à leurs profils afin de les mobiliser. Cette plateforme sera prochainement disponible en Bretagne.
 

Qu'est-ce qu'un service de réanimation ?



Ces unités accueillent des patients qui présentent, ou sont susceptibles de présenter, plusieurs défaillances viscérales aiguës mettant directement en jeu le pronostic vital et impliquant le recours à des méthodes de suppléance (par exemple : ventilation mécanique, transfusion de dérivés sanguins voire circulation extra-coroprelle, hémodialyse). Les patients sont intubés et le respirateur (ou ventilateur) est un élément constant, présent dans toutes les chambres de réanimation. 
 

 

Les imprimantes 3D à la rescousse ?
Pour faire face au manque de ventilateurs (respirateurs), dont la vocation est de favoriser les échanges gazeux entre les poumons et le sang, la Commission européenne a lancé un appel aux acteurs de l’impression 3D pour reproduire notamment des valves en rupture de stock. 

Testée par deux ingénieurs italiens, cette solution aurait permis de sauver une dizaine de patients depuis le 14 mars selon 01net.com.
D'après Libération, "un trio d’ingénieurs bretons a contacté des médecins pour leur proposer des respirateurs d’une nouvelle génération réalisés à partir d’une imprimante 3D. Ils ont poliment été redirigés vers les fabricants historiques."

En attendant, les entreprises d’impression 3D qui ont ou souhaitent mettent à disposition leurs services ou machines face au Covid-19 peuvent remplir ce document qui permettra d’obtenir une meilleure visibilité sur les offres : https://docs.google.com/spreadsheets/ . A ce jour nous avons dénombré une demi-douzaine d'entreprises bretonnes à s'être fait connaître.



 
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